Comment les tensions sur l'eau conduisent-elles à en repenser la gouvernance ?

Retrouvez la synthèse des enseignements du séminaire qui s'est tenu le 20 novembre 2019 durant les Journées 2019 de la SHF.

Les tensions sur l'eau sont de plus en plus fortes : les pays du Sud (Bassin méditerranéen notamment) sont affectés en premier lieu, mais les pays situés plus au Nord ne sont pas épargnés. Ces tensions constituent un enjeu pour toute une série d'acteurs. Ces tensions qui s'aggravent posent la question de la gouvernance de la ressource dans un contexte où les conséquences néfastes des prélèvements excessifs sur l'environnement et la durabilité de la ressource sont maintenant évidentes. Les formes existantes de gouvernance sont questionnées et débattues dans la mesure où s'exacerbent des rapports de force et/ou des blocages en de nombreuses régions.

La gouvernance de l'eau (continentale) peut être définie comme un ensemble de méthodes et d'outils (tarification, subvention, lois et règlements) en vue d'optimiser la gestion des ressources en eau dans un espace donné. La mobilisation des sciences humaines et sociales a permis de montrer que cette gouvernance requiert des processus d'implications pluri-acteurs et pluridisciplinaires qui s'inscrivent nécessairement dans le temps. Repenser les modalités de gouvernance de l'eau dans ce nouveau contexte est un des enjeux majeurs de l'adaptation aux changements globaux.

Le présent séminaire avait pour objectif d'examiner comment les sciences humaines et sociales (SHS) contribuent à répondre à ce défi. Il a rassemblé des contributions relatives à de nombreuses situations, en France et dans plusieurs autres pays. Les contributions ont été regroupées selon quatre sessions, qui structurent ce compte rendu. La première concerne le facteur temps, avec les approches historiques. La deuxième les problématiques posées à l'échelle des territoires et la troisième celles à une échelle plus globale encore. La quatrième porte sur la description des tensions et des crises.

Un certain nombre de messages généraux ressortent du séminaire :

  • l'importance des approches historiques pour mettre en perspective les situations de tensions présentes et favoriser le dialogue entre les acteurs ;

  • la nécessité de travailler à une échelle appropriée, territoriale ou plus globale encore. Il est fréquent qu'apparaissent des oppositions entre des enjeux environnementaux globaux et des enjeux locaux économiques ; sociaux ou environnementaux ;

  • les experts sont soumis aux critiques et contestations émanant des parties prenantes. Il est important de renforcer l'indépendance et la crédibilité de l'expertise en élargissant son assise : par exemple, par des collaborations entre chercheurs de plusieurs pays dans le cas de problèmes transfrontaliers ou encore par une plus grande attention aux communautés de l'eau traditionnelles. Le transfert des savoirs au grand public est aussi une question importante ;

  • la quantité de l'eau n'est pas le seul facteur à prendre en compte : sa qualité importe, bien sûr, mais aussi l'aspect culturel de l'eau, et notamment des eaux de source, aspect qui peut être central pour des communautés rurales attachées à leurs traditions ;

  • la gestion en urgence des situations de crise peut de facto laisser les plus socialement défavorisés payer le plus lourd tribut et souffrir davantage durant les crises ; les processus démocratiques et l'anticipation des crises doivent permettre de prévenir ce risque.

En savoir plus

- La synthèse du séminaire - site web de la SHF

- Le séminaire du 20 novembre 2019

Page mise à jour le 17/06/2020
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