État de conservation des lagunes côtières : avancement de la méthode d’évaluation et actions à venir dans le cadre du Life Marha
Le 13 mars 2019 à la Tour du Valat, la nouvelle version de la méthode d’évaluation a été présentée aux structures gestionnaires et animatrices des sites Natura 2000 désignés notamment pour l’habitat lagunes côtières.
L’UMS PatriNat (MNHN-AFB-CNRS) a en effet travaillé en partenariat avec le Pôle-relais lagunes méditerranéennes sur la mise à jour de la méthode d’évaluation(1) de l’état de conservation de l’habitat 1150* Lagunes côtières dans le cadre du projet européen Life Marha(2).
La première version de cette méthode datant de 2013 devait être mise à jour pour tenir compte des dernières données bibliographiques, expertises scientifiques et des retours d’expérience du SIEL suite au test de la méthode sur les étangs palavasiens en 2014 et du syndicat mixte RIVAGE sur l’indicateur herbiers de macrophytes en 2016.
Lors du démarrage du Life Marha en 2018, le Pôle lagunes et l’UMS PatriNat ont travaillé sur une nouvelle version du guide d’application de cette méthode. Cette nouvelle version, présentée le 13 mars, sera diffusée prochainement au sein du réseau, accompagnée de fiches pratiques réalisées pour chacun des indicateurs courant 2019.
L’évènement du 13 mars 2019 a ainsi réuni une quarantaine de participants parmi lesquels les DREALs PACA et Occitanie, Fanny Lepareur et Juliette Delavenne (Life MarHa) de l’UMS PatriNat, et d’autres experts scientifiques et techniques des lagunes tels que la plupart des structures gestionnaires et animatrices Natura 2000 ainsi que le Conservatoire Botanique National Méditerranéen, le Conservatoire Botanique National de Corse, l’IFREMER, le GIS Posidonie, le Conservatoire du littoral, etc.
Présentation de Fanny Lepareur, UMS PatriNat / © Pôle-relais lagunes méditerranéennes
Les participants ont bénéficié d’un rappel réglementaire pour clarifier les notions d’évaluation biogéographique et d’évaluation sur les sites Natura 2000.
Il a également été rappelé que les lagunes sont des habitats d’intérêt communautaire (HIC) et pour une grande partie, ce sont également des espaces suivis dans le cadre de la directive cadre sur l’Eau (DCE). Le «bon état» écologique des masses d’eau notifié par la DCE est nécessaire mais non suffisant dans le cadre de l’évaluation pour obtenir un état de conservation favorable des habitats naturels par la DHFF (Mistarz, 2018).
Les rapportages sont différents entre ces directives européennes mais la tendance générale est d’aller vers un programme de surveillance interdirective.
À l’échelle régionale, les gestionnaires de lagunes méditerranéennes ont fait remonter la difficulté d’évaluer l’état de conservation de l’habitat d’intérêt communautaire 1150*-2 « lagunes côtières méditerranéennes ».
En effet, plusieurs déclinaisons (permanents/temporaires/ euhalin à oligohalin) sont associées à ce type d’habitat. Par conséquent, les suivis des macrophytes actuellement réalisés dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) sur la lagune au sens « masse d’eau de transition » sont utiles et complémentaires mais ne permettent pas de répondre directement à la Directive « Habitats Faune Flore » (DHFF) sur ce volet. Quant aux pièces d’eau de type lagune temporaire, moins connues et donc moins bien cartographiées, il est encore nécessaire de bien identifier l’habitat pour bien l’évaluer.
→ Les gestionnaires ont ainsi exprimé le besoin de disposer d’une méthode d’évaluation commune qui permettra de juger de l’état de conservation sur l’ensemble de ces sous-types de l’habitat lagunes côtières. Néanmoins, le coût engendré par la mise en place d’une telle évaluation, étant non soutenable pour la majorité des structures de gestion et/ou d’animation, peut représenter un frein à la mise en place de la méthode.
Cette journée a aussi été l’occasion de restituer les résultats d’un questionnaire adressé fin 2018 à l’ensemble des structures animatrices et gestionnaires de sites Natura 2000 en lagunes, afin de connaître leurs actions d’évaluation sur l’habitat « lagunes côtières méditerranéennes » et d’identifier les besoins pour faciliter la prise en main des indicateurs proposés dans la méthodologie EC lagunes.
Enfin, l’après-midi a été consacrée à une discussion autour des retours d’expérience sur la mise en œuvre de cette méthode. Les animateurs de sites Natura 2000 ont exposé leur difficulté à réaliser les évaluations de l’état de conservation sur plusieurs habitats d’intérêt communautaire par manque de temps et de moyens.
Bien que restant à approfondir avec les DREALs, plusieurs points de consensus sont apparus en retour des besoins, notamment pour évaluer certains indicateurs à une échelle multisites au moyen d’une expertise et prestation dédiées.
13 mars 2019, Tour du Valat / © Pôle-relais lagunes méditerranéennes
CONCLUSION
Le Pôle-relais lagunes méditerranéennes aura le rôle de porter à connaissance l’ensemble des outils existants pour évaluer l’état de conservation des lagunes.
Dans le cadre du Life Marha, des ateliers de formation à destination des opérateurs de sites Natura 2000 seront mis en place d’une part pour les accompagner dans la mise en œuvre de la méthodologie, d’autre part pour renforcer leurs compétences sur le sujet. En particulier sur la prise en main de certains indicateurs, tels que celui de l’évaluation surfacique de l’habitat lagune côtière et les espèces exotiques envahissantes animales et végétales.
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(1) « l’évaluation de l’état de conservation des lagunes côtières méditerranéennes est une obligation liée à la directive européenne « Habitats-Faune-Flore » (92/43/CEE) (DHFF), transposée dans le droit français dans l’article R.414-11 du Code de l’environnement. L’objectif sera donc à terme d’appliquer cette évaluation à l’ensemble des sites contenant cet habitat d’intérêt communautaire prioritaire (1150*-2) ».
(2) Pour rappel l’objectif du Life Marha est d’améliorer l’état de conservation des habitats naturels marins tout en mobilisant l’ensemble des parties prenantes de Natura 2000 en mer. Le Pôle-relais lagunes méditerranéennes (porté par la Tour du Valat, le Conservatoire d’espaces naturels du Languedoc-Roussillon et l’Office de l’Environnement de la Corse) y joue son rôle de passerelle entre les différents acteurs de l’habitat « lagunes côtières méditerranéennes » (1150*-2).
En savoir plus
- Site internet du Pôle-relais lagunes méditerranéennes