Journée mondiale de l'eau
Message du Secrétaire général, Anada Tiéga
“Économiser l’eau, c’est plus de nourriture pour les populations”
Imaginons le choc, pour ceux vivant dans les pays développés, de se réveiller un matin en découvrant qu’il n’y a plus d’eau potable qui sort des robinets. C’est pourtant une réalité pour des millions de gens partout dans le monde; pouvoir accéder à des sources d’eau potable de qualité représente un défi quotidien. Aujourd’hui, le manque d’eau affecte plus de 40 pourcent des habitants de notre planète.
Le message de ce jour à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau :“Le monde a soif parce que nous avons faim” suscite la réflexion. Plusieurs de nos actions, telles que la gestion des systèmes d’irrigation et la fourniture d’eau aux ménages, ont grandement besoin d’être améliorées pour éviter les pertes. Arrêtez-vous un instant pour réfléchir à la quantité d’eau utilisée pour produire la nourriture que nous mangeons. Notre monde a soif, et une des conséquences de la crise de l’eau est de mettre en danger notre sécurité alimentaire qui dépend de la disponibilité en eau douce propre.
La Convention de Ramsar sur les zones humides a signalé depuis longtemps la grande dépendance des communautés locales en ressources provenant des zones humides, spécialement dans les pays en développement et plus particulièrement en ce qui concerne l’agriculture de subsistance à petite échelle, l'alimentation en eau à usage domestique et d'autres utilisations susceptibles de contribuer directement à l'atténuation de la pauvreté. Dès lors, la mission de Ramsar a consisté à sensibiliser sur la connexion qui existe entre les zones humides et l’utilisation de l’eau, en démontrant les opportunités et les contraintes d’utiliser les zones humides pour résoudre des problèmes inhérents à la gestion de l’eau, tels que le stockage de l’eau, la régulation des inondations, l’amélioration de la qualité de l’eau et la création de moyens d’existence durables par l’utilisation rationnelle de l’eau.
La semaine dernière, j’étais à Marseille pour participer au Forum mondial sur l’eau et c’était très encourageant de partager des points de vue et de réaliser qu’il y a une augmentation de la reconnaissance de la valeur d’une eau douce saine produite par les zones humides. Il est encore nécessaire de reconnaître que des écosystèmes d’eaux intérieures en bonne santé fournissent une eau fiable et propre pour couvrir les besoins humains directs et aussi pour garder des zones côtières saines. La sécurité alimentaire ne dépend pas uniquement d’une eau saine provenant des zones humides, mais également de zones marines et côtières saines, telles que les mangroves, les récifs coralliens et les herbiers marins - qui jouent tous un rôle crucial en assurant durablement la fourniture de produits de la mer, tels que les poissons, les coquillages, les algues, etc. qui font partie intégrante de notre alimentation. Ces écosystèmes marins et côtiers sont reliés aux eaux intérieures et il est nécessaire de protéger l’environnement marin en soulignant la connexion entre les écosystèmes terrestres, d’eau douce, et côtiers et marins.
L’importance des zones humides pour l’environnement et les moyens d’existence humains a traditionnellement été sous-estimée par les décideurs en charge de formuler les polices et d’adopter des décisions, eu égard à la difficulté d’attribuer une valeur financière aux bénéfices des écosystèmes de zones humides pour la fourniture de biens et de services. Afin de progresser dans ce domaine, le Secrétariat va collaborer avec l’initiative “Economics of Ecosystems and Biodiversity (TEEB)” dans les mois à venir pour sensibiliser sur les bénéfices économiques globaux de la biodiversité et mettre en lumière les coûts grandissants de la perte de la biodiversité et de la dégradation des écosystèmes. TEEB et Ramsar vont préparer un rapport spécifique sur les valeurs économiques de l’eau et des zones humides qui sera publié dans le courant de cette année.
En cette Journée mondiale de l’eau, le Secrétariat de Ramsar réaffirme ses engagements pour la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides comme contribution pour assurer la quantité et la qualité de l’eau douce afin d’inscrire dans la durée le bien-être humain.
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