L’Histoire des mangroves antillaises dévoilée
A l’occasion de la Journée Internationale des Mangroves, le Comité français de l’UICN dévoile les premiers résultats d’une étude sur l’évolution des surfaces de mangroves depuis 70 ans en Guadeloupe, à Saint-Martin et à Saint-Barthélemy. En comparant des images entre 1950 et 2020, cette étude permet de mieux comprendre l’évolution des usages et pratiques dans ces territoires, et d’ainsi mieux cerner les menaces qui pèsent ou qui ont pesé sur ces milieux naturels.
Le renforcement de la protection des mangroves est l’un des messages forts porté par le Comité français de l’UICN pour le Congrès mondial de la Nature de l’UICN, qui s’ouvrira le 3 septembre prochain à Marseille.
EN GUADELOUPE, UNE EVOLUTION CONTRASTÉE
En Guadeloupe, alors que l’on croyait que les mangroves avaient régressé fortement au cours de la seconde moitié du vingtième siècle, les résultats de cette étude montrent une augmentation de la surface des mangroves d’environ 20% entre 1950 et 2020. Les mangroves semblent en effet avoir colonisé des surfaces importantes de marais saumâtres, un écosystème non-forestier situé entre la mangrove et la forêt marécageuse d’eau douce. On suppose que ces marais ont été créés puis entretenus de manière artificielle par défrichage des écosystèmes originels principalement pour du pâturage au début du XXème siècle et qu’ils aient été auparavant le lieu d’activités agricolesitinérantes. Du fait de l’arrêt de ces pratiques aujourd’hui oubliées, les mangroves ont donc coloniséces marais laissés vacants.
SAINT-MARTIN ET SAINT-BARTHELEMY : LES MANGROVES EN FORTE RÉDUCTION
Les résultats observés en Guadeloupe, où la mangrove y occupe d’importantes surfaces (plus de 3 000 ha en 2020) sont radicalement différents de ceux observés pour Saint-Martin et Saint-Barthélemy (moins de 50 ha). Dans ces deux îles, la mangrove a régressé de respectivement 40 et 65%, remplacée principalement par des aménagements urbains.
"On voit très clairement des espaces aujourd’hui complètement modifiés et remblayés, qui abritaient encore en 1950 des mangroves. », souligne Florent Taureau, auteur de l’étude."