L'approche Ellenberg pour identifier les zones humides probables en recherche appliquée
Une étude indique que « l’approche Ellenberg » peut être robuste pour identifier les zones humides durant des projets de recherche appliquée, comme préliminaire à l'identification de zones humides probables.
Apport des bases de données ouvertes à l'identification des zones humides : analyse de l’intérêt de « l’approche Ellenberg »
Une étude réalisée par le bureau d'études Coenose a permis d'étudier la fiabilité de l'approche Ellenberg pour identifier les relevés en zones humides. Cette étude a mobilisé plus 180 000 relevés phytosociologiques provenant de l'IFN, de la base de données Ecoplant (Gégout et al. 2005), du bureau d'études Coenose et du CBN Alpin. Telle qu’elle a été établie sur la base du jeu de données de travail et des valeurs d’Ellenberg définies pour le territoire français (JULVE, 2015), une valeur moyenne d'Ellenberg pour les espèces aux alentours de 5,7 +- 0,2 serait fiable pour identifier la présence de zones humides. Cette valeur indicatrice de la présence de zones humides est donc très proche de la valeur d'Ellenberg moyenne utilisée durant le projet de cartographie nationale des milieux humides.
Pour mobiliser les données de co-occurence d'espèces dans le cadre de projet de recherche, il s'avère donc que l'approche Ellenberg est étonnamment efficace et compléte avantageusement les méthodes réglementaires d'identification des zones humides par la végétation tout en produisant des résultats qui leur sont fidèles à près de 95 %. Ces résultats sont obtenus à partir d’un indice moyen calculé simplement en présence-absence, ne nécessitant donc a priori aucune pondération ni stratification particulière. Une valeur seuil unique de l’indice moyen des relevés peut être utilisée à l’échelle nationale. Plusieurs applications sont dès lors envisageables via l’exploitation des très nombreux relevés aujourd’hui disponibles dans les archives numériques de différents établissements français (conservatoires botaniques, parcs nationaux, INPN…).
Il conviendrait à l’avenir de confirmer cette valeur seuil ou si nécessaire de l'optimiser, en faisant notamment l’acquisition de relevés dans d'autres contextes écologiques que ceux où la plus grande quantité de données a été disponible pour réaliser cette étude (par ex. compléter par des données sur le littoral méditerranéen). Bien d’autres pistes restent à explorer pour améliorer l'identification des zones humides à partir des valeurs d’Ellenberg.
Cette approche Ellenberg peut donc être intéressante par ex. durant les projets de recherche portant sur les zones humides, mais elle ne remplace en rien les critères floristiques de l'arrêté de 2008 modifié pour identifier les zones humides durant la mise en oeuvre de la règlementation. A noter que cela conforte l'application du protocole flore pour l'identification et la délimitation des zones humides en France métropolitaine & Corse.
L'indice d'Ellenberg dans la cartographie nationale des milieux humides
Entre 2020 et 2022, le MTECT a financé un projet de cartographie nationale des milieux humides. L'UAR PatriNat OFB-MNHN, l'université de Rennes 2, la Tour du Valat, l'institut Agro Rennes-Angers et l'Inrae sont parmi les principaux partenaires scientifiques à s'être engagés dans ce projet, dont les résultats sont consultables sur le RPDZH et téléchargeables sur le site de l'INPN. Le colloque de restitution est visualisable.
Le premier volet de ce projet a consisté à prélocaliser les zones humides selon l'arrêté de 2008 modifié. Pour y parvenir, des données d'archives sur le sol (Donesol), la flore (INPN et IFN) ont été mobilisées afin de disposer d'information sur la présence-absence de zones humides. Ces données ont alimenté des modèles de prélocalisation. Hors, le recours aux données floristiques dans des bases de données comme l'INPN peut être problématique pour identifier la présence-absence de zones humides. En effet, les données de co-occurence d'espèces ne sont souvent pas associées à des coefficients d'abondance-dominance et les strates ne sont souvent pas distinguées, alors que le protocole et les critères de l'arrêté de 2008 modifié requièrent de connaître les espèces, leurs coefficients d'abondance-dominance par strate afin d'identifier les zones humides d'après le critère floristique.
Pour parvenir à mobiliser ces données durant le projet de cartographie nationale, une valeur d'Ellenberg moyen par relevé de co-occurence d'espèces a été calculé, considérant qu'au-delà d'une valeur moyenne de 6 la présence de zone humide est détectée. La valeur d'Ellenberg moyenne utilisée durant la cartographie nationale des miieux humides converge donc avec les résultats de l'étude pré-ciétée qui recommande une valeur moyenne de 5,7 +-0,2.