Méthodes d'évaluation des services écosystémiques

On entend par services écosystèmiques les (MEA-2005):

- Services d'approvisionnement (matériaux, aliments, eau ...)
- Services de regulation (climat, épuration de l'eau ...)
- Services culturels et sociaux (récréatif, éducation, patrimonial)

L’évaluation des services écosystémiques est devenue essentielle (peut-être même décisive) pour mesurer la contribution des écosystèmes et de la biodiversité au bien-être humain. Bien que l’on dispose de données amples et – au moins pour certains services écosystémiques – détaillées, l’analyse des progrès déjà obtenus à cet égard révèle la nécessité de mieux comprendre la production écologique, surtout en ce qui concerne la variabilité spatiale et la complexité des facteurs en jeu dans la production des services écosystémiques. Cela exige une approche réellement interdisciplinaire, étant donné le rôle important des sciences naturelles pour éclairer les étapes du processus d’analyse. De nombreuses discussions se poursuivent aussi sur les moyens d’analyser les décisions dans les situations où l’évaluation et la compréhension du monde naturel resteront sans doute marquées d’incertitude. De telles difficultés doivent être envisagées dans leur contexte propre. Un nombre croissant d’évaluations écosystémiques à grande échelle ont montré comment exploiter les données empiriques de façon instructive et utile pour l’action des pouvoirs publics. Ces développements seront déterminants pour que les évaluations rendent possible une analyse pertinente des politiques.

Une valeur à la nature

D’une façon plus générale, l’intérêt essentiel qu’il y a à attribuer une valeur à la nature est que cela permet de remédier à un déséquilibre fondamental, cette valeur étant bien trop souvent grossièrement sous-estimée ou même entièrement ignorée dans les décisions privées et une grande partie des processus de décision d’intérêt collectif. Montrer l’étendue de la valeur de la nature pour la subsistance des populations humaines et, plus généralement, pour le bien-être humain représente un premier pas concret décisif vers la mise au point d’interventions publiques aptes à répondre au rythme actuel et futur de destruction des écosystèmes et d’érosion de la biodiversité.

L’étude de Barbier (2007) cherchait à estimer la valeur écologique des mangroves en Thaïlande – comme source de bois de chauffage, d’habitats utiles pour la pêche et d’atténuation des effets des tempêtes (en réduisant les risques d’inondation côtière) – afin de comparer ces résultats avec le rendement d’une forme d’utilisation des sols concurrente : l’élevage de crevettes. Elle constate que les profits privés associés à ces deux types d’utilisation sont respectivement de 584 USD et de 1 220 USD par hectare, ce qui, d’un point de vue financier, semble clairement justifierla conversion des mangroves. Cependant, l’analyse des coûts et avantages sociaux donne des résultats tout à fait différents et montre qu’un hectare typique de mangroves génère une valeur sociale de 12 392 USD.

L’évaluation de la nature se heurte inévitablement à certaines limites. Il est donc important aussi de déterminer comment poursuivre l’analyse économique une fois ces limites atteintes.

 

La première méthode pour estimer la valeur des services rendus par les milieux humides consiste à chiffrer les infrastructures artificielles, les ouvrages du génie civil (barrages, réservoirs, endiguements, enrochements, stations d'épuration, bassins de décantation, passes a poissons…) qui devraient être construits pour contrecarrer les effets néfastes de la destruction ou de la dégradation des zones humides.

La seconde est de chiffrer les interventions de gestion (désenvasement et dragage, travaux d'entretien des réseaux hydrographiques et canaux, alevinage et lâcher de gibier, programme de restauration) nécessaires pour assurer la pérennité de certains usages de ces milieux.

Page mise à jour le 19/08/2022
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